Women's America’s Cup

Entre le 22 août et octobre 2024, Barcelone accueillera non seulement les Challenger Selection Series, l'America's Cup Match entre le defender Emirates Team New Zealand et le Challenger victorieux mais aussi l'édition inaugurale de la Women's America's Cup, avec des équipages exclusivement féminins.

  • 2017
    Aloïse Retornaz
    2017

    Aloïse Retornaz, régleuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Après une belle carrière olympique couronnée par une médaille de bronze en 470 aux Jeux Olympiques de Tokyo et un passage par SailGP, Aloïse Retornaz sera régleuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Women’s America’s Cup. En parallèle, elle s’investie aussi sur la base du team français pour la mise en place de process.

    Originaire de Brest, Aloïse découvre la voile à l’âge de six ans, dans la Rade, sur les traces de ses deux sœurs aînées. « Mes débuts ont été difficiles, dans le froid, le vent et l’humidité. J’étais du genre à avoir peur. Je n’ai pas trop aimé au début, mais mon père m’a beaucoup poussée et j’ai continué ». Le déclic, elle l’a un an après lors d’une compétition en Optimist. « J’ai vraiment accroché avec l’aspect compétition. J’aimais me bagarrer sur l’eau avec les copains, le côté jeu, le stress aussi. J’avais la boule au ventre avant de partir en régate. Ça m’a permis un peu de prendre mon envol car j’étais séparée de mes parents le week-end. On partait en déplacement pour aller jouer sur l’eau et faire la course tous ensemble. L’ambiance était top », se souvient celle qui fait de l’Optimist jusqu’à ses 11 ans avant de passer sur un plus grand support. « J’étais super grande donc après deux ans en Minimes, Maëlenne Lemaître, qui est un peu plus âgée que moi, m’a proposé de naviguer en double avec elle en 29er, avant de passer au 420 un peu moins de deux ans plus tard ».

    Mordue de voile, Aloïse n’en oublie pas les études pour autant et entre en Sports Études dès la 5e, toujours à Brest. Bonne élève, ses parents la laissent s’entraîner et régater à côté, ce qui lui permet d’intégrer le Pôle Espoir. En 2004, Faustine Merret vient dans son école avec sa médaille olympique. Aloïse se met à rêver des Jeux Olympiques.

    A la fin du lycée, elle est confrontée à un choix : poursuivre le haut niveau ou faire des études. Elle a la chance de pouvoir concilier les deux en entrant à l’ISEN, une école d’ingénieurs. Les résultats continuent de suivre sur le plan sportif avec plusieurs podiums internationaux. Les deux jeunes femmes sont alors détectées par la Fédération Française de Voile, et passent au 470. Après une expérience réussie chez les Jeunes, Aloïse change d’équipage en 2015 avant de s’associer en 2017 à Camille Lecointre, qui souhaitait reprendre la compétition après avoir eu son premier enfant. Championnes d’Europe en 2019, médaillés d’argent aux Jeux mondiaux militaires et vainqueurs de la finale de la finale de la Coupe du monde de voile, elles décrochent le titre de Marin de l’année 2019. Leur préparation olympique, rallongée d’un an à cause du Covid-19, leur permet de travailler ensemble, découvrir leurs points faibles et bien se préparer pour les Jeux Olympiques. Le travail paie puisqu’elles repartent du Japon avec une médaille de bronze autour du cou. « C’était un truc de fou et beaucoup de fierté. Sur le moment, tu ne réalises pas trop car cette médaille, c’est 15 ans de préparation, une spirale qui ne s’arrête jamais, un tourbillon d’émotions avec beaucoup de hauts et de bas, ce qui qui te drive au quotidien. Ce sont des moments de vie hyper forts dont je vais me souvenir toute ma vie. C’était hyper beau de pouvoir la partager avec tous ceux qui me suivaient ». De cette olympiade auréolée de succès, Aloïse garde plein de souvenirs et les anneaux olympiques qu’elle se fait tatouer sur son poignet deux semaines après son retour d’Enoshima, pour que « cette tranche de vie reste gravée ». Mais aussi un gros bagage sportif et technique. « Ça m’a surtout appris la persévérance, à ne jamais baisser les bras. J’ai vécu des variations d’émotions assez intenses avec des gros pics d’endorphine, des moments durs et de doutes. On fait aussi forcément beaucoup de sacrifices. Quand on fait une préparation olympique, il faut vraiment s’accrocher, ne rien lâcher et réussir à trouver un équilibre. C’est important d’avoir des moments où l’on profite. J’aime bien sociabiliser, voir du monde. Je suis contente d’avoir partagé plein d’aventures et de vacances avec des copains d’origine différentes au bout du monde, d’avoir pu découvrir d’autres cultures, d’autres manières de s’entraîner », détaille-t-elle, précisant que l’essentiel est de « surtout savoir être professionnelle et respecter l’autre quand on navigue en double, sans avoir besoin d’être meilleures amies ».

    En parallèle, elle passe les premières sélections pour le Women’s Pathway Program de SailGP. Retenue, elle ne rentre pas dans le programme d’emblée de jeu pour se concentrer sur les Jeux mais navigue à bord du F50 du France SailGP Team à Chicago en juin 2022. Un Sail Grand Prix dont elle se souviendra toute sa vie. « C’était hyper impressionnant niveau vitesse. C’est comme naviguer sur une Formule 1. SailGP m’a beaucoup appris niveau format de course. L’organisation et la logistique sont démesurées par rapport à l’olympisme, avec de grosses équipes techniques. Il faut apprendre à déléguer tout en essayant de maîtriser le maximum de paramètres possibles, et accepter de pas savoir tout sur tout. La répartition des tâches est très stricte. Il faut essayer de faire de son mieux dans le peu de temps imparti. J’ai beaucoup appris ». Malheureusement, le quota de femmes dans chaque team passe de trois à deux et Aloïse ne poursuit pas l’aventure. Un coup dur même si à côté, elle se prépare pour Paris 2024 avec Hippolyte Machetti, cette fois.

    Loin de se laisser abattre, Aloïse commence à rêver d’America’s Cup, son second rêve de gosse après les Jeux. « La semaine où j’ai appris que le règlement de SailGP changeait, j’ai regardé un documentaire sur Netflix sur la Coupe gagnée par les Australiens en 1983. Ça m’a remis des étoiles dans les yeux ». Après avoir échangé avec Stephan Kandler, elle se lance à la recherche d’un sponsor pour l’équipe féminine avec Paola Amar en vue de la Women’s America’s Cup. Le succès est au rendez-vous puisqu’elles réussissent à convaincre L’Oréal d’embarquer dans l’aventure. Sélectionnée en décembre dernier, la jeune trentenaire, qui a mis un terme à sa préparation olympique en juillet dernier, son partenaire ayant souhaité arrêter pour raisons personnelles, fait désormais partie de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « Je vais travailler pour avoir ma place à bord et tout faire pour remporter cette première Women’s America’s Cup. Tout le monde aura sa chance vu que l’on se battra à armes égales ». Son rêve : voir un jour des équipages mixtes à bord des AC75 ou des futurs bateaux de la Coupe, la dimension physique étant moins prépondérante aujourd’hui. A côté, Aloïse continue d’engranger de l’expérience sur bateaux volants. La jeune femme, qui a fait l’acquisition d’un WASZP, navigue aussi en GC32, ET26 et en 69F. Elle remplace également une équipière blessée de septembre à novembre dernier en Nacra 17.

    Si sa carrière est bien remplie sur le plan sportif, Aloïse a fait le choix de travailler chez Arkea à côté grâce à un contrat aménagé pour sportifs de haut niveau. « C’est important pour moi, en cas blessure mais pas que. Ça me soulage d’avoir quelque chose à côté. Je continue mon projet sportif parce que j’ai envie et que ça me fait rêver, pas parce que je n’ai pas le choix. Ça m’apporte de la sérénité et un équilibre, et ça me permet de voir autre chose. Les sportifs sont souvent autocentrés sur eux, leur corps, la performance. C’est intéressant de mettre un pied dans le monde réel, de vivre plus simplement et aussi de gagner sa vie à côté ». Ingénieur dans le service informatique à ses débuts, elle officie désormais une cinquantaine de jours par an au sein du service communication de la banque, fortement présente dans le sponsoring sportif, en voile notamment. « C’est hyper intéressant car j’utilise mes compétences d’ingénieur dans la voile et le sponsoring, que j’ai appris dans la voile, dans mon travail ».

    Quand elle ne travaille pas et ne navigue pas, Aloïse, qui s’est installée à Barcelone, fait « pas mal de sports de glisse dont de la wing et des sports outdoor » et aime « passer du temps avec les copains et voyager ».

    Sa vision de la place de la femme dans le monde en général, et dans le sport en particulier : « On voit de moins en moins d’activités genrées en France aujourd’hui. Je ne me suis jamais sentie moins favorisée en tant que femme, même en école d’ingénieurs où j’étais entourée d’hommes. Dans la voile inshore, on assiste à une vraie ouverture. La première Women’s America’s Cup marque un vrai tournant et je suis hyper contente et fière de faire partie de cette aventure. La route est encore longue pour que la Coupe devienne mixte. A nous de montrer que l’on veut en être, que notre niveau peut être égal ou supérieur à celui des hommes, que l’on en est capables et que l’on en envie. Il faut continuer dans cette direction pour arriver à l’égalité. On y est arrivé dans l’olympisme, où il y autant de médailles chez les femmes que chez les hommes. Il faut que l’on se batte pour servir d’exemple aux petites filles, qu’elles se disent en nous voyant qu’elles peuvent être ce qu’elles veulent, être ingénieur, médecin, jouer aux jeux vidéo, faire de stratification ou n’importe quel sport. Il faut enlever les limites que l’on se met pour tendre encore plus vers la mixité, dans le milieu professionnel et dans le sport. »

    Date de naissance : 3 février 1994
    Lieu de naissance : Brest (29)

    Sa devise : « L’échec est la source de tous les succès. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « Un rêve de gosse, d’une petite fille qui ne voyait pas de femmes à bord »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Le jour où ils ont annoncé une Women’s America’s Cup. »

     

  • 2177
    Amélie Riou
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    Sur l’eau depuis l’âge de six ans, Amélie Riou, issue de la filière olympique, fait partie des navigatrices les plus talentueuses du moment. Tacticienne sur le F50 du France SailGP Team, la Finistérienne fait partie des régleuses d’Orient Express – L’Oréal Racing Team.

    Originaire du Finistère Nord, Amélie grandit à Lanmeur, à côté de Morlaix, dans une famille d’agriculteurs. Après six mois de gymnastique, elle tire ses premiers bords en Optimist à Locquirec à l’âge de six ans. « Chez nous, la voile est une histoire de famille. Ma grande sœur a commencé avant moi car nos cousins, qui étaient aussi nos voisins, en faisaient. Je l’avais accompagnée sur une compétition quand j’étais petite, ça m’avait donné envie de faire comme elle », se souvient-elle. Séduite par le support, elle poursuit sur cette voie et passe au Laser dès la 4e, trop grande pour rester en Optimist. « Je voulais faire plus de sport donc j’ai intégré le sports études de Kerichen, à Brest, en Laser Radial (ILCA 6). J’ai commencé à m’entraîner beaucoup plus. J’ai vraiment progressé et je me suis éclatée dans ma discipline », indique-elle. Sélectionnée pour représenter la France au Mondial ISAF en 2010, Amélie fait son entrée dans l’Équipe de France Jeunes, sans oublier pour autant ses études. « A la fin de la terminale, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Ça se passait bien à l’école, j’étais vraiment travailleuse mais je ne savais pas dans quelle direction aller. J’ai commencé à faire une prépa Maths Sup-Maths Spé mais même avec un emploi du temps aménagé, c’était dur de tout mener de front. Surtout que j’ai commencé à faire de gros blocs d’entraînements et de nombreux déplacements à l’étranger », poursuit-elle.
    Après une première année au cours de laquelle elle rate beaucoup de cours, Amélie décide d’entrer en faculté de mathématiques à Brest. A la fin de sa L2, la Fédération Française de Voile décide de regrouper toutes les filles qui font du Laser Radial au Pôle de La Rochelle. « J’étais la seule à Brest donc j’ai fait le choix de quitter la Bretagne et d’aller m’entraîner et continuer mes études là-bas. Je ne regrette pas le groupe nous a tiré vers le haut et j’ai pu faire mes premiers résultats à l’international, dont une 4e place à la World Cup de Palma en 2013 », avance celle qui, trouvant les mathématiques un peu trop abstraites, demande une équivalence pour passer en génie civil. En parallèle, elle mène une préparation olympique pour les Jeux de Rio 2016 mais la sélection lui échappe au profit de Mathilde de Kerangat, « un premier coup dur parce que l’on s’entraîne pour ça pendant quatre ans, et que l’on était assez proches en niveau ».

    Déçue, Amélie songe un temps arrêter la voile à la fin de cette olympiade. « Ça n’a pas duré longtemps. J’ai un peu réfléchi en profondeur. Je me suis dit qu’il devait me manquer quelque chose pour performer en solitaire et que courir en double pourrait m’aider à m’accomplir personnellement », confie-t-elle. Contactée par Billy Besson pour remplacer Marie Riou, Amélie fait six mois de Nacra 17 avec lui avant de se fracturer le péroné. « Je suis restée en stand-by pendant quasi cinq mois car ma rééducation s’est mal passée. J’ai dû me faire réopérer. Après, on a fait le choix de ne pas continuer ensemble car on n’était pas compatibles humainement ». Amélie navigue ensuite en double mixte avec Tim Mourniac, « une expérience qui ne porte pas ses fruits », Tim ayant décidé d’arrêter car il était trop compliqué pour lui de jongler avec ses études. Puis avec Moana Vaireaux, en remplacement de Manon Audinet. Mais elle décide d’arrêter au bout de quelques mois, sentant qu’elle ne va pas dans la bonne direction. « Je me suis à nouveau demandé si je voulais continuer la voile. J’ai arrêté quasi deux ans la voile olympique avec le Covid-19 et je me suis ouvert à d’autres projets en faisant les sélections pour le Challenge Océane de Région Bretagne CMB, où j’ai rencontré Lara Granier. J’ai navigué aussi un peu avec le Mirpuri Foundation Racing Team, managé par Bruno Dubois à l’époque et qui voulait monter une équipe pour l’Ocean Race». Amélie fait également le Tour Voile 2019 en Diam 24 avec La Boulangère. Une expérience qui lui permet de parfaire sa découverte de la voile professionnelle. « Lara m’a dit en rigolant pendant les sélections Océane, tu ne veux pas essayer le 49er FX, mais moi j’étais vraiment dans le questionnement de ce que je voulais. Ensuite il y a eu le Covid une période de gel que j’ai pris comme une réelle chance de mettre nos vies à 1000 à l’heure en stand-by et de véritablement savoir ce que je voulais. Lara est retournée au charbon après le Covid en me proposant des essais, cette fois ci j’ai dit oui pour les essais mais j’avais encore  en tête le projet de l’Ocean Race avec Mirpuri Foundation. Au final j’ai eu un coup de cœur pour elle et je me suis dit que c’était l’opportunité de reconstruire une préparation olympique plus sereine avec quelqu’un avec qui j’avais un vrai feeling humain » et la course au large, ça pouvait arriver dans un second temps. Amélie décline donc la proposition de Yoann Richomme et repart dans l’olympisme. A la même période, elle intègre le France SailGP Team sur SailGP, ce qui lui « apporte beaucoup de recul, du professionnalisme, et une grosse soupape ». Mais aussi une opportunité de « découvrir un autre projet et une manière de communiquer sur l’eau hyper précise et synthétique, et de voir aussi que les autres rencontrent des difficultés à performer », ce qui lui permet de prendre de la hauteur sur les siennes. « Cette expérience m’a beaucoup apporté et m’a montré qu’il faut toujours croire au process que l’on met en place pour éviter que le doute soit permanent ou s’installe trop souvent car beaucoup de gens gravitent autour de nous et donnent leur avis sur ce que l’on fait. C’est Quentin (Delapierre) qui m’a appris cette philosophie qui me porte et m’inspire, même si ce n’est pas toujours évident de la mettre en œuvre ». Lors d’une pige au sein du Team américain, Amélie remporte un SailGP. « Je ne suis pas du genre à être fière de moi, mais cette victoire avec l’équipe américaine a été une vraie satisfaction personnelle. Performer est quelque chose qui me tient vraiment à cœur ».

    L’America’s Cup, Amélie n’y pense pas jusqu’à il y a cinq ans. « Pour moi, c’était clairement quelque chose d’inatteignable, d’ouvert uniquement aux meilleurs marins masculins. Quand la compétition s’est ouverte à des projets féminines, c’est devenu un objectif et plus uniquement un rêve. J’étais déterminée à faire partie de ce projet et je suis très heureuse d’avoir réussi à l’intégrer ». Régleuse comme Manon Audinet et Aloïse Retornaz, Amélie ne sait pas encore si elle sera titulaire à bord de l’AC40, l’équipage ne comptant que deux navigantes à ce poste. « Être remplaçante sur la Coupe, ce n’est pas pareil que dans les autres sports collectifs. Tu n’attends pas sur le banc de touche. Il y a énormément de choses à faire à côté. Mon objectif est de naviguer sur le bateau mais je serai doublement investie si ce n’est pas le cas. J’ai tellement à apprendre et je suis toujours challengée par le côté apprentissage et compréhension des choses ».

    La suite, Amélie n’y pense pas encore. « J’aurais bien voulu être la première femme à faire SailGP, la Coupe et les Jeux la même année, mais malheureusement, ce n’est pas le cas car nous n’avons pas été sélectionnées pour Paris 2024. Quand on est issue de la voile olympique, on a les Jeux Olympiques dans les tripes. Je n’ai jamais compté le temps que j’ai donné ni les sacrifices que j’ai faits. La pilule est un peu dure à avaler car j’y suis allée avec mes tripes. Notre non-sélection a été un gros coup dur et une grosse remise en question en tant qu’athlète. D’un côté, je suis un peu en colère contre la décision, mais je me demande aussi si j’ai suffisamment de cordes à mon arc pour aller chercher de la haute performance ». Selon elle, il va lui falloir un peu de temps pour savoir dans quelle direction aller. « Ma philosophie est de garder toutes les portes ouvertes et de prendre ensuite une décision. Mes principaux moteurs sont l’envie et la passion. Si les curseurs sont un peu en dessous, ça ne sert à rien de repartir. Il faut que je sois animée par ce que je fais pour me sentir bien ».

    En dehors de la compétition, Amélie aime se ressourcer en Bretagne auprès de ses parents, dans « un milieu complètement différent de la voile », qui lui permet de couper. « Je fais aussi énormément de sport, que ce soit de la course à pied, du vélo, du cross-fit ou de la natation. Et j’ai en ligne de mire de faire un peu de triathlon pour me challenger différemment. Sinon, j’adore cuisiner, surtout pour les autres ».

    Date de naissance : 2 octobre 1992
    Lieu de naissance : Morlaix (29)
    Devise : « Toujours y croire. Il n’y a pas de limite, excepté nous-mêmes. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « Se challenger auprès des meilleures navigatrices. Ça me vient vraiment à cœur que notre équipe ait toutes les armes pour aller performer et tire tout le monde vers le haut dans tous les domaines. Sinon, la Coupe des Challengers me fait rêver car elle réunit les meilleurs marins et le bateau est encore un step au-dessus de l’AC40. Ce n’est pas de la voile traditionnelle, c’est la nouvelle voile. Il faut vraiment être compétent dans d’autres domaines que ceux dont à l’habitude, comme l’ingénierie. C’est comme de la Formule 1. Je me concentre sur la Womens’ America’s Cup pour l’instant, mais dans un coin de ma tête, je me dis qu’il faut se battre pour avoir une Coupe mixte un jour. Et là on aurait bien progressé. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Pour être honnête, je suivais ça de loin, c’était un rêve mais j’ai pas de souvenir précis. Depuis que c’est un objectif, je suis beaucoup plus. » 

  • 2018
    Audrey Ogereau
    2018

    Audrey Ogereau, membre de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Women’s America’s Cup

    Issue de la filière olympique, Audrey Ogereau fait partie des sept femmes sélectionnées pour la Womens’ America’s Cup au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. Un rêve qui se réalise pour l’ingénieur de formation, qui, en parallèle, a débuté la course au large l’an dernier.

    Audrey passe toute son enfance à Sautron, à côté de Nantes, où elle grandit de ses 2 à ses 18 ans. Très sportive, elle s’essaie à la gymnastique et au tennis, qu’elle pratique en compétition, ainsi qu’à la danse et au handball. Elle découvre la voile à l’âge de 11 ans, « ni trop tôt, ni trop tard », lors d’un stage d’été sur l’Erdre.  « Mes parents faisaient tous les deux de la voile mais ne voulaient pas me forcer. J’ai tellement accroché que j’ai commencé à faire des régates à droite à gauche en Optimist tous les week-ends. J’ai lâché les autres sports au fur et à mesure », se souvient-elle. A la sortie de l’Optimist, Audrey cherche un support lui qui permette « de naviguer en équipage tout en étant à la barre, au trapèze, et qui aille vite ». Son choix se porte sur le catamaran, qui réunit toutes ses exigences. Pendant deux ans, elle navigue avec Manon Audinet en Hobbie Cat 16. « On était les deux seules filles du circuit à avoir navigué à un haut niveau. Ça nous a permis de nous faire repérer. Quand l’annonce de l’arrivée du Nacra 17 aux Jeux Olympiques est tombée, on s’est fait recruter par des garçons, vu que le support était mixte », explique-t-elle.

    Audrey se lance alors dans une préparation olympique pour les Jeux de Rio 2016 avec Matthieu Vandame, mais sans succès.  « Le niveau était super élevé au sein de l'équipe française. Marie Riou et Billy Besson gagnaient tout et il n'y avait qu'une place pour les Jeux. Matthieu a décidé de basculer sur un autre projet en équipe pro. J’en ai profité pour terminer mon école d’ingénieur, EIGSI, que je faisais à La Rochelle. Je l’ai faite en sept ans au lieu de cinq, sans faire de voile les deux dernières années », indique-t-elle, précisant que pendant son cursus scolaire, elle a effectué son stage de 3e année au sein de Groupama Team France en tant qu’ingénieur systèmes mécaniques.

    Son diplôme en poche, elle débute sa carrière d’ingénieur à La Ciotat avant de faire le Tour Voile et Sailing Arabia The Tour en tant que barreuse du Diam 24 d’Oman Sail avec un équipage franco-omanais 100% féminin. Dans ce cadre, Audrey se rend au Sultanat d’Oman « une ou deux semaines par mois pour préparer les filles au Tour Voile » et décide d’arrêter de travailler au bout d’un moment. Après un Tour Voile et deux éditions de Sailing Arabia The Tour, le projet est mis en pause à cause du Covid-19. Audrey retourne à La Ciotat pour travailler. « J’ai fait du management, du commerce et de l’ingénierie pendant trois ans avant d’être contactée par Erwan Le Roux l’an dernier. Il m’a proposé de rejoindre son projet Ocean Fifty », lance-t-elle. Au départ, l’idée était de se former sur le bateau et participer à quelques opérations de relations publiques et entraînements. « Petit à petit, j’ai fait une régate puis toute la saison. On a gagné le Pro Sailing Tour. Erwan m’a proposé de faire la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre avec lui. C’était un vrai défi mais ça reste de la voile. Je fonctionne aux opportunités et en général, ça se passe plutôt bien. Malheureusement, on a un peu trop tiré sur la machine et on a dû abandonner à cause de plusieurs avaries ». Un goût d’inachevé qui lui donne envie d’y retourner l’an prochain. « J’aime bien l’Ocean Fifty et la course au large, même si ça n’a jamais été un rêve d’en faire. C’est une Classe assez compacte. Ça reste de la régate à haute vitesse car on reste un peu au contact. On retrouve l’aspect compétition, tactique et stratégique qui me plaît. Ce n’est pas très confortable mais j’aime me mettre dans des situations qui ne sont pas agréables car j’en ressors toujours plus forte ».

    En parallèle, Audrey entend parler du projet Orient Express qui se monte. « J’ai essayé d’appeler les bonnes personnes. Les opportunités, ça se crée aussi. Il faut montrer que l’on est disponible et motivée ». Retenue pour faire participer aux sélections à l’ENVSN, elle décroche sa place au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « Participer un jour à l’America’s Cup ne me paraissait pas envisageable il y a encore quelques années, mais dès que je sais su que c’était possible, j’ai voulu la faire. C’est dingue d’avoir été sélectionnée ! J’ai encore des posters et des maquettes de bateaux de la Coupe dans ma chambre d’enfant ».

    Quand elle n’est pas sur l’eau, Audrey, qui a habite à La Ciotat, pratique des activités en extérieur comme la wing, le vélo, l’escalade, la course à pied et le ski, l’hiver. « Je veux continuer la course au large à côté. J’ai toujours adoré être surbookée. Ça m’a toujours plu d’avoir deux projets en même temps. On va tout faire pour qu’il y ait un Défi français sur la prochaine America’s Cup ».

    Date de naissance : 20 juillet 1992
    Lieu de naissance : Nantes (44)

    Sa devise : « Saisir les opportunités »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Le fait d’avoir fait partie du projet français à mon échelle sur les F50 (ndlr : ex AC45) et d’avoir réussi à mettre ma petite pierre à l’édifice. J’ai eu l’impression que ces bateaux avaient fait un petit bon technologique à l’époque. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « C’est la régate la plus prestigieuse et la plus élitiste au monde, avec un côté sportif, technologique et ingénierie hyper fort. Cette compétition allie mes deux passions. »

  • 2016
    Jessie Kampman
    2016

    De nationalité française, sud-africaine, néerlandaise et britannique, Jessie Kampman, aussi douée en kiteboard qu’en voile qu’elle pratique en compétition, a décroché sa place au sein d'Orient Express- L’Oréal Racing Team pour la Womens’ America’s Cup. Portrait.

    Née en Angleterre, à Crawley, Jessie débarque dans l’Hexagone à l’âge de quatre ans, quand ses parents déménagent au Plan de la Tour, à côté de Sainte-Maxime. Très sportive, elle pratique le tennis, le ski et la voile. « Ma mère, qui est Anglaise, et mon père, qui est Sud-Africain, travaillaient sur des voiliers quand ils étaient plus jeunes. Ils se sont rencontrés dans ce cadre. Avec mon frère, on a commencé l’Optimist très jeunes. Le samedi, je faisais de la compétition en géant à la montagne, et le dimanche en Optimist. Je régatais aussi l’été tout en continuant à m’entraîner à Tignes, sur le glacier », raconte-t-elle. « J’adore le sport, me dépenser, donner le meilleur de moi-même. C’est la même chose dans les autres aspects de ma vie. Quand je fais quelque chose, j’essaie de bien le faire », poursuit celle qui décide d’arrêter le ski quand elle passe au 420 car concilier deux disciplines devient « un peu trop intense ». En sports études au CREPS d’Antibes de ses 14 à ses 18 ans, Jessie part ensuite à Southampton (Angleterre) pour étudier le droit. « Je suis Anglaise et bilingue. Je pensais que faire mes études là-bas serait plus enrichissant si je ne partais pas sur une préparation olympique, que ça allait m’ouvrir plus de portes », justifie-t-elle.

    Persuadée qu’elle n’a pas envie de se tourner vers le 470 après avoir fait le tour du 420 et souhaitant faire « quelque chose d’un peu plus excitant », la jeune navigatrice se lance en 2019 dans le kitefoil, sur le point de devenir discipline olympique, en parallèle de ses études. « Je faisais déjà un peu de kite avant de passer au kitefoil. Ça m’a tout de suite plus et j’avais envie d’un nouveau challenge. Je me suis lancée dans une préparation olympique en 2021 à la fin de mes études mais je me suis gravement blessée en août dernier. J’ai été hospitalisée pendant cinq mois », raconte Jessie, qui est devenue ambassadrice de l’ENGIE Kite Tour.

    Non sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, Jessie, qui fait partie des meilleures mondiales de la discipline, ne compte pas en rester là. « C’est une Française (Lauriane Nolot, ndlr) qui est devant ;  j’adore vraiment ce support et j’ai envie de continuer. Idéalement, j’aimerais bien repartir sur une préparation olympique en kitefoil », confie celle qui a un temps couru sous les couleurs du Royaume-Uni avant de revenir en France. « Je me suis licenciée à la Fédération Anglaise quand je suis partie vivre en Angleterre car je pensais faire ma vie là-bas. Mais à cause du Covid-19, j’ai fini mes études à distance en France et suis revenue à la FFVoile. Je n’ai pas trop réfléchi à quelle nationalité je voulais avoir même si au fond de moi, je me sens plus Française ».

    Passionnée de kitefoil, Jessie revient à ses premières amours avec la Womens’ America’s Cup, « la course la plus prestigieuse de la voile professionnelle », qui allie deux aspects qui l’attire dans le sport : « la vitesse et l’adrénaline sur un support à foil », et « l’équipage », qu’elle a adoré quand elle faisait du 420. Invitée pour les sélections à l’ENVSN en avril 2023, la jeune femme, qui « pensait ce milieu assez fermé » mais rêvait d’y accéder, décroche sa place au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « La sélection a été une étape clef de ma carrière sportive en voile. Pour moi, c’est un pallier que j’ai passé car c’était un objectif depuis très longtemps de mettre un pied dans ce milieu. Je suis hyper fière de faire partie de l’équipe, car peu de filles y ont accès. C’est aussi une chance de pouvoir bénéficier de l’expérience de tous ces sportifs, de l’aide que toute l’équipe peut nous apporter. Je me sens aussi chanceuse. Je pense que plus de filles devraient pouvoir y avoir accès. J’espère que l’on ouvrira la voie et qu’un jour, il y aura autant de places pour les filles que pour les garçons au sein des Challengers sur la Coupe », avance Jessie, qui aimerait bien réussir à concilier America’s Cup et préparation olympique. « On verra après 2028 où j’en suis dans ma vie, si j’ai envie de repartir sur une préparation olympique ou pas. Mais en tous cas, j’aimerais bien basculer un jour vers la voile professionnelle, que ce soit sur la Coupe ou sur SailGP, si j’en ai l’opportunité ».

    Passionnée par ce qu’elle fait, Jessie passe le plus clair de son temps sur l’eau. « La particularité du kite, c’est que l’on peut naviguer de manière très autonome où l’on veut. On peut naviguer un peu tout le temps. C’est assez dingue comme sensation et on est un peu tous accrocs. C’est dur de faire des pauses. Toute ma vie est orientée vers le kite. J’essaie de mettre toutes les choses en place pour performer ».

    Date de naissance : 19 mai 2020
    Lieu de naissance : Crawley (Royaume-Uni)
    Sa devise : « Believe you can and you’re halfway there. »

    Un souvenir de l’America’s Cup en particulier : « Je n’en ai pas un en particulier, mais c’est une compétition qui m’a toujours attirée, et dont je suivais les avancées technologiques et les régates. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « C’est la compétition qui réunit les plus grands navigateurs, dont des médaillés aux Jeux Olympiques et des icones de l’olympisme qui sont des idoles pour beaucoup de personnes. Les meilleurs des meilleurs sont réunis sur des bateaux et se tirent la bourre pour remporter la Coupe. C’est comme un hot spot de tous les navigateurs. »

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    Lara Granier
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    Issue de la filière olympique, Lara Granier, qui vient de terminer une préparation olympique en 49er FX avec Amélie Riou, a décroché sa sélection au sein d'Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la première Puig Women’s America’s Cup. Portrait.

    Lara grandit à Nairobi, au Kenya, où ses parents se sont rencontrés. « Mon père a participé à un Championnat du Monde de planche à voile au Kenya. Il a adoré le pays. Il est parti s’y installer à la fin de ses études car il a eu une opportunité de travail sur place », raconte-elle, précisant que sa mère est Kenyane. Enfant, son père l’initie à la voile. Lara, qui apprécie beaucoup le fait d’être à l’extérieur, s’initie aux joies de la navigation le week-end, sur « le lac de Naivasha, un lieu incroyable au milieu de la savane, de la nature, avec juste un petit Club House au milieu de nulle part entouré de zèbres, d’hippopotames et de girafes ». Ces week-ends de camping en bord de lac avec « pas mal de jeunes Anglais qui faisaient aussi de la voile » lui donnent envie de poursuivre sur cette voie, même si elle pratique aussi le basketball, le tennis, la course à pied et le karaté en loisirs à côté.

    Très vite, elle se lance dans la compétition en Optimist. « Mon père a bien développé la voile au Kenya. Il nous a accompagné sur le Championnat du Monde d’Optimist en 2007. C’était la première fois que le pays y participait », se souvient-elle. La jeune navigatrice enchaîne ensuite les compétitions en Europe du Sud, en Serbie, en Inde et en Afrique, où son père organise le Championnat d’Afrique d’Optimist, avant de participer aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Singapour en 2010.

    Lara réalise ensuite que l’apprentissage de la voile est assez limité au Kenya. « Mes parents finançaient tout. Mon père m’entraînait mais ce n’était pas son métier donc il s’est renseigné sur les possibilités qui existaient en France », indique Lara, qui intègre le Pôle Espoir d’Antibes en septembre 2010. Sur place, elle navigue en Laser 4.7 avec, entre autres, Jean-Baptiste Bernaz et Sophie de Turckheim. Séduite par le double, elle bascule en 420, qu’elle pratique pendant quatre ans. « On a assez vite performé. On avait un super groupe de huit-dix personnes à Antibes. On a été deux fois Championnes de France. On a fait de bons résultats mondiaux aussi ».

    Lara se tourne ensuite vers le 470 en 2015 et intègre le Pôle de Marseille, avec pour objectif les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Vice-championnes du monde Jeunes U25, vice-championnes d’Europe : Lara et sa coéquipière enchaînent les bons résultats. « Le passage des séries Jeunes à l’olympisme a été assez brutal. Le niveau est devenu beaucoup plus exigeant. On a continué pendant quelques années mais on s’est rendues compte qu’on avait des envies et une manière de faire un peu différentes ». Le duo se sépare en 2019 juste après le Championnat du Monde au Japon sur lequel Camille Lecointre et Aloïse Retornaz valident leur ticket pour Tokyo.

    Lara souhaite alors rester en olympisme, mais ne sait pas « sur quel support ni de quelle manière ». Elle se lance alors dans les sélections du Challenge Région Bretagne – CMB en Figaro. « J’étais en pleine année de transition. J’avais envie de faire autre chose. Je n’avais pas spécialement envie de faire de la course au large, mais c’était l’opportunité de faire quelque chose de nouveau. C’est important d’avoir une ouverture d’esprit, de se challenger sur d’autres supports. J’étais en mode découverte, mais j’ai vraiment adoré. J’ai appris beaucoup de chose, c’était super enrichissant. J’ai rencontré des personnes avec des opinions et des manières de faire différentes ».

    C’est dans ce cadre que sa route croise celle d’Amélie Riou, qui participe aussi au Challenge Région Bretagne - CMB. Le courant passe immédiatement et Lara se reprend à rêver d’olympisme. « Je voulais trouver quelqu’un qui ait les mêmes objectifs, qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes envies que moi. C’est important pour moi d’avoir un vrai feeling humain et de partager des choses avec ma coéquipière. J’avais essayé le 49er FX et beaucoup aimé, donc j’ai proposé à Amélie de manière informelle qu’on essaie de naviguer ensemble ». Cette dernière n’accroche pas tout de suite à la proposition. Pendant ce temps, Lara s’essaie au 470 en mixte, fait du kitefoil et du 49er FX avec plusieurs personnes mais ne trouve pas chaussure à son pied. Elle recontacte donc Amélie à la sortie du confinement en Mai 2020. Les deux jeunes femmes décident de se lancer ensemble dans une préparation olympique au mois de Septembre 2020. « C’est quelqu’un avec qui je m’entends super bien. On partage énormément de valeurs même si on a des personnalités assez différentes. Et on avait un objectif commun : participer aux Jeux Paris 2024 ». Les Jeux Olympiques, Lara en rêve depuis l’enfance. « On en parlait beaucoup avec mes parents. On regardait la natation, la gymnastique, l’athlétisme. On suivait les athlètes kenyans et français et le soir, on allait jouer avec le jardin avec ma sœur et on s’inventait nos vies comme si on était aux Jeux. Avec mes parents, on a tout fait pour aller dans cette direction-là, ça a toujours été un objectif pour moi ». Malheureusement, Lara et Amélie ne se sélectionnent pas pour Paris 2024, mais se retrouvent toutes les deux au sein d'Orient Express – L’Oréal Racing Team sur le projet Puig Women’s America’s Cup.

    La Coupe, Lara en rêvait aussi même si le « milieu était assez fermé pour les femmes » jusqu’à présent. « J’osais espérer qu’avec du travail et de l’acharnement, il serait possible de voir un jour des femmes sur ce circuit. D’ailleurs, j’espère que lors de la prochaine édition, il y aura autant de femmes que d’hommes au sein des Challengers car les femmes ont autant leur place que les hommes à bord, et elles peuvent arriver au même niveau ». Pour elle, la Puig Women’s America’s Cup est donc un rêve « qui se réalise plus vite que prévu, une chance incroyable et une vraie fierté de faire partie de l’équipe française et de la première vague de femmes à y participer ». Son rôle ? « Pilote, même si on ne sait pas encore qui sera à bord ou remplaçante ».

    Quand elle ne navigue pas, la jeune femme, qui vit toujours à Marseille, en profite pour récupérer sans rester inactive. « J’adore être sur l’eau donc je fais pas mal de wingfoil, de surf foil, d’escalade et du tennis ».

    Date de naissance : 11 novembre 1995
    Lieu de naissance : Nairobi (Kenya)
    Devise : « Play hard, work harder »

    Ce que représente l’America’s Cup pour elle : « C’est vraiment le top niveau de la voile mondiale, la compétition sur laquelle il y a tous les meilleurs navigants et les plus beaux bateaux du monde. C’est le graal pour les marins. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Dans le documentaire « untold » sur la 25e coupe de l’America. La victoire de Australia II face à liberty. La première fois dans l’histoire de la coupe de l’America qu’une équipe gagne face aux Americains. J’ai été bousculé par leur envie de gagner, et surtout de croire qu’ils pouvaient gagner ! »

  • 2019
    Manon Audinet
    2019
    Skipper

    Manon Audinet, skipper de l’AC 40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Grande spécialiste du catamaran, Manon Audinet, qui évolue depuis le début de la saison 3 sur le circuit SailGP avec le France SailGP Team, s’apprête à relever un défi de taille : tenter de mener l’Orient Express – L’Oréal Racing Team, dont elle est le skipper, à la victoire sur la première Women’s America’s Cup de l’histoire.

    Originaire de La Rochelle où elle grandit, Manon Audinet ne commence pas la voile dès l’enfance. « Mon père a fait de la voile quand il était jeune, puis a navigué sur le bateau de son père. Il a toujours aimé ça contrairement à ma mère (ma mère ne déteste pas la voile, elle n’en avait juste jamais fait). Mon petit frère en a fait aussi un peu mais enfant. Moi, ça ne m’attirait pas du tout même si j’aimais bien aller sur le bateau de mon grand-père le week-end », raconte-t-elle. « Avant, j’ai fait du tennis mais c’était une catastrophe, puis trois-quatre ans de natation. J’aimais bien ça et ensuite j’ai essayé l’équitation, mais ça a été aussi un échec », plaisante Manon, qui tire ses premiers bords en catamaran à l’âge de 11 ans lors d’un stage d’été, motivée par la mère d’une copine qui travaillait au club de voile de La Rochelle. Elle accroche vraiment avec le support l’année suivante grâce à « un super moniteur qui entraînait aussi l’équipe de catamaran de sport à l’année ». Ce dernier lui propose d’intégrer le team. Manon accepte avec le soutien de ses parents, « sans savoir ce que ça allait donner ».

    Les choses s’enchaînent rapidement pour la jeune licenciée à St Georges Voile, qui débute la compétition à l’âge de 12 ans sur un petit catamaran en double mixte. Si à la base, elle n’a pas une âme de compétitrice, elle se prend au jeu dès sa première régate. « J’adorais être sur l’eau, quand il y avait du vent. On a gagné notre première régate. J’ai trouvé ça génial », confie Manon, qui trouve sa voie et la poursuit, avec l’approbation parentale. De ses 12 à ses 19 ans, elle navigue sur des catamarans de sport chez les Jeunes et en Seniors, ce qui lui permet d’apprendre à naviguer sur des bateaux à dérive nécessitant un peu plus de réglages. A l’époque, elle enchaîne les podiums nationaux chez les Jeunes et parfait son apprentissage sur de plus gros bateaux dont les Formule 18, une expérience « super formatrice qui lui a permis d’apprendre plus de choses plus rapidement ».

    Si le catamaran n’est pas olympique à ce moment-là, elle est acceptée en classe Sports Études et bénéficie d’horaires aménagés sans pour autant avoir un programme d’entraînement aussi assidu que les autres. Cela lui permet de dégager du temps pour s’entraîner et faire de la préparation physique en parallèle de sa scolarité, qui la mène jusqu’à un Bac ES puis à un IUT Tech de Co. « L’école n’a jamais été ma passion. Je suis entrée à l’Université au moment où je suis partie sur une campagne olympique mais il fallait que je fasse des études pour que mon double projet se passe bien. J’ai eu la chance de tomber sur des professeurs super compréhensifs qui m’ont aidé à fond et ont suivi ce que je faisais côté sportif. J’ai pu dédoubler ma dernière année, ça s’est bien passé ».

    Sa première campagne olympique, Manon la fait en Nacra 17, support vers lequel elle se tourne en 2013 avec Moana Vaireaux, son entraîneur en Hobie 16. « Quand j’étais plus jeune, il n’y avait pas de catamaran aux Jeux à part le Tornado qui n’était pas adapté aux femmes. J’en rêvais mais je ne savais pas comment je pouvais les faire un jour. La porte s’est ouverte avec le Nacra 17 », indique Manon, qui rentre en Équipe de France dès la première année aux côtés de Billy Besson et Marie Riou, dont ils sont remplaçants pour Rio 2016 avec Moana. Un an et demi-deux ans après le début de sa deuxième préparation olympique, le duo décide de se séparer. Manon contacte alors Quentin Delapierre, contre qui elle a navigué quand elle avait 13-14 ans, et qu’elle a recroisé par la suite, sur le Tour Voile notamment. « On a fait une semaine d’entraînement qui s’est super bien passée. C’était un peu osé de se lancer un an avant les sélections pour Tokyo 2020. On a fait ça en mode sprint mais j’avais vraiment en tête de faire Tokyo et je me suis dit que Quentin était potentiellement le bon client pour faire le hold-up ». Sélectionnés pour les Jeux Olympiques, Manon et Quentin, heureux d’avoir relevé ce challenge ambitieux, enchaînent les bons résultats. Vainqueur de la Coupe du Monde sur le plan d’eau d’Enoshima, 4e au Championnat du Monde, 2e au Championnat d’Europe, le duo signe une performance en-deçà des espérances aux Jeux en terminant 8e. « On y croyait. On a été déçus mais ça fait partie de notre carrière et ça nous a rendus plus fort après », relativise-t-elle, se réjouissant d’avoir fait partie des premières femmes à avoir fait voler un catamaran sur l’eau et d’avoir pu réaliser son rêve. Après quelques mois d’entraînement l’hiver suivant, Manon et Quentin décident de jeter l’éponge avant le premier évènement de la saison car ils ne prennent plus de plaisir à naviguer sur le support et veulent voir s’ils réussissent à trouver leur bonheur ailleurs. Sur le plan personnel, Manon fait la rencontre de Jason Saunders, son compagnon et futur père de son enfant, pendant ses années Nacra.

    Cette quête du bonheur aboutit dès 2022, sur SailGP, circuit prestigieux sur lequel Manon rejoint Quentin quelques mois après son arrivée à la barre du F50 tricolore. Sélectionnée avec Amélie Riou, la Rochelaise intègre le France SailGP Team au début de la saison 3 aux Bermudes, en même temps que Kevin Peponnet. Sa carrière prend alors une nouvelle dimension. « Je suivais le circuit, qui me faisait rêver. Monter sur un F50 était clairement un objectif même si je n’étais pas très adepte du système au départ, quand les filles n’avaient pas leur place à bord. Dès qu’elles l’ont eu, ça a pris du sens car on fait partie intégrante de la performance. Et avec cette équipe, c’est génial », commente-t-elle. « C’est une voile différente, beaucoup plus professionnelle avec beaucoup de contraintes liées au fait que l’on n’a pas beaucoup de temps pour s’entraîner. Tout est super rapide, il faut réussir à être très performant en travaillant de manière différente pour être à 100% dès que l’on monte sur le bateau. C’est complémentaire à ce que j’ai pu apprendre en olympisme, où on a des mois pour s’entraîner et peaufiner les petits détails. C’est un peu déroutant au début mais c’est top de travailler avec une grosse équipe et de naviguer à plusieurs ».

    En parallèle de SailGP, Manon est désormais le skipper de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Women’s America’s Cup. Une grande fierté pour la jeune navigatrice, qui regardait la Coupe à la télévision avec son père, plus jeune. « Je ne pensais pas que la compétition s’ouvrirait un jour aux femmes. Ça me faisait rêver mais je me disais que je n’y aurais pas ma place. C’est devenu un rêve depuis l’annonce de la création de la Women’s America’s Cup. C’est le truc ultime que chaque navigatrice a envie de faire, la cerise sur le gâteau ». Les pré-sélections débutent peu après l’annonce. Manon y participe, enceinte. « Le fait d’être enceinte m’a permis de prendre du recul et m’a conforté dans l’idée que je voulais continuer à faire de la voile de haut-niveau. C’est arrivé au bon moment. Je n’ai aucun regret. J’ai le sentiment d’être à ma place ». Sa sélection aux côtés de six autres filles, elle l’apprend en décembre 2023. Un bel accomplissement pour la jeune femme, qui mènera un équipage de quatre personnes issues de milieux différents pour sa première expérience en monocoque volant. « SailGP m’a aidé à comprendre comment marchent les grosses machines bourrées d’électronique et d’hydraulique, sur lesquelles il n’y a quasi plus de bouts. Beaucoup de choses se recroisent entre les F50 et les AC40 dans l’utilisation du bateau, des datas même si l’équilibre des bateaux est un peu différent. Et on peut s’entraîner sur simulateur, ça enrichit encore plus. J’ai l’impression d’apprendre de nouvelles choses chaque jour. Je ne pouvais pas rêver mieux pour progresser dans la voile actuelle et en tant que femme, c’est chouette de pouvoir avoir accès à ces projets, qui plus est en tant que skipper », se réjouit-elle. Pour Manon, faire la Women’s America’s Cup à ce rôle est un vrai challenge « car on a plutôt l’habitude de voir une barreuse en tant que skipper », mais elle pourra capitaliser sur l’expérience acquise sur SailGP pour permettre à son team de gagner du temps dans sa préparation express. « Mon objectif est d’emmener les filles potentiellement à la victoire sur cette première Coupe féminine. Ça serait un truc de dingue », lance-t-elle.

    L’autre défi de Manon, qu’elle relève avec Jason Saunders, c’est de concilier vie de couple, de mère et de sportive de haut niveau. « C’est un maxi challenge mais c’est super cool. On a la chance d’avoir un bébé plutôt facile. On l’emmène partout depuis qu’il est tout petit pour l’habituer à voir du monde. Il n’avait que 10 jours quand il est venu à Saint-Tropez pour SailGP », avance-t-elle. Au quotidien, Manon et Jason peuvent compter sur le soutien d’une jeune fille, qui s’occupe de leur bébé à Barcelone mais aussi sur les Sail Grand Prix. « Je la connais depuis qu’elle a huit ans. Elle est super et passionnée de voile. En cas de problème, mon bébé reste ma priorité mais c’était important pour nous de pouvoir continuer à faire ce que l’on aime, et l’opportunité d’être skipper sur la Coupe ne se présente pas 15 fois dans une vie. J’estime que si les parents sont heureux, le bébé l’est aussi alors que s’ils sont frustrés, il n’est pas très content. Je trouvais ça très cliché quand les mamans disaient que leur bébé était une source de motivation supplémentaire, mais c’est vrai et c’est vraiment cool ». Manon peut également compter sur le soutien de ses parents, qui « aident à fond avec le petit. J’ai eu la chance qu’ils aient compris ma passion et m’aient soutenu à fond au lieu de me pousser à faire des études. Ils ont fait beaucoup de concessions pour que je réussisse à monter mes projets. C’est grâce à eux que j’en suis là ».

    Depuis quelques mois, Jason Saunders a rejoint l’Orient Express Racing Team et le France SailGP Team. « C’est vraiment chouette de naviguer avec Jason sur SailGP. Ça le sera encore plus quand on pourra partager des victoires ensemble. Quand on naviguait l’un contre l’autre, on était contents quand l’un de nous deux faisait une performance mais l’autre était toujours un peu déçu, ce qui est normal ». Quand elle ne navigue pas, Manon essaie de profiter de son temps libre pour visiter Barcelone en famille. « On rentre retrouver le petit et on ressort pour découvrir la ville que l’on ne connaît pas et qui est hyper intéressante. On a la bougeotte, on ne reste pas souvent à la maison ».

    Date de naissance : 12 février 1992
    Lieu de naissance : La Rochelle (17)

    Un souvenir de l’America’s Cup en particulier : « La remontée incroyable des Américains face aux Néo-Zélandais. Je me rappelle avoir regardé les régates à mon club de voile à La Rochelle avec tous les copains. C’était magique. "

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « L’America’s Cup, c’est vraiment l’excellence, la voile au plus haut niveau. Il y a les meilleurs marins, le top du top dans chaque domaine. Et il y a le côté historique car c’est la plus vieille compétition sportive, un défi magnifique. »

     

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    Pauline Courtois
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    Pauline Courtois, barreuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Triple championne du monde et d’Europe de Match Racing avec les Match in Pink by Normandy Elite Team, Pauline Courtois sera barreuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Women’s America’s Cup. Un rêve qui se réalise pour la navigatrice Brestoise, professeur d’EPS dans un collège du Havre en parallèle de sa carrière de sportive de haut niveau.

    Native de Brest, Pauline Courtois débute la voile très jeune, « un peu par hasard ». En effet, si elle grandit dans une ville tournée vers la mer, personne ne pratique la discipline dans sa famille. Même si sa mère, désormais à la retraite, est vice-présidente de la FFVoile en charge de la mixité. « Mes parents voulaient que l’on découvre plein d’activités et que l’on fasse quelque chose qui nous plaise, mes sœurs et moi, pas forcément dans le sport ». Pauline s’essaie à la musique, la natation, l’équitation, la danse et à d’autres sports de plein air, avant d’avoir le déclic en faisant un stage de voile l’été à l’âge de sept ans. « On avait un super groupe, on se marrait bien. J’aimais jouer avec le vent, la confrontation avec les éléments et les activités aquatiques », raconte celle qui se lance dans la compétition deux ans plus tard. « Je suis assez curieuse. J’aime bien apprendre de nouveaux trucs tout le temps, me surpasser, me confronter aux autres. J’avais déjà assez l’esprit de compétition », poursuit-elle. Mordue, elle entre en Sports Études à Brest et fait du 420 jusqu’à ses 18 ans, un choix induit par sa petite taille, avant de faire un ou deux ans de 470 après le lycée puis de changer de support, sa coéquipière ayant décidé de poursuivre ses études. Pauline a alors l’opportunité de tester le Match Racing. Elle accroche tout de suite. En parallèle, elle poursuit ses études en STAPS à Brest et rejoint l’équipage de Julie Bossard sur sa préparation olympique en vue de Londres 2012, le Match Racing étant encore olympique à l’époque. Elle barre ensuite le bateau de l’UBO (Université de Bretagne Occidentale) dans l’optique d’aller au Mondial Universitaire, sur lequel l’équipage termine sur la 2e marche du podium après avoir gagné le Champion Open en 2014.

    Si elle fait ses études à Brest, Pauline, qui se destine à une carrière de professeur d’EPS, s’expatrie au Havre pour s’entraîner. « J’ai fait pas mal d’allers-retours entre Brest et Le Havre le temps de finir mes études. Je n’ai pas pu finir mon cursus à Rouen car les facultés ne font pas le programme dans le même ordre », explique-t-elle. Une fois son concours en poche, elle s’installe au Havre grâce à un accord entre le Ministère de l’Éducation Nationale et celui des Sports. Sur place, elle retrouve Cédric Chateau, son entraîneur en 420 et intègre l’équipage Match in Pink créé en 2017. Avec, elle s’impose, entre autres, à quatre reprises sur la Coupe du Monde, une fois sur la Nations Cup, et trois fois sur le championnat du monde et d’Europe, ce qui vaut à l’équipage féminin trois nominations au titre du Marin de l’Année décerné par la Fédération française de voile (FFVoile). En parallèle de sa carrière de sportive de haut niveau, Pauline exerce la fonction de professeur d’EPS et forme les jeunes collégiens havrais à la voile. « J’ai la chance d’avoir un emploi du temps aménagé qui me permet de concilier les deux. Je peux m’entraîner la moitié du temps et régater à côté de mon travail. C’est génial de pouvoir faire les deux ». Élue chargée des sports, Pauline travaille également à la Vague Normande. « Quand je ne suis pas en compétition, j’ai un peu plus de temps. C’est grâce à eux et aux actions qu’ils mettent en place que j’en suis là aujourd’hui. La Vague Normande est moteur pour créer des projets permettant aux sportifs de naviguer, notamment sur le Tour Voile, précise-t-elle. Il y a une vraie volonté de donner l’opportunité aux sportifs normands de se former et d’intégrer un team professionnel ou semi-professionnel ». Dans ce cadre, Pauline, qui travaille en collaboration avec Francis Le Goff, directeur de la Vague Normande et Cédric Chateau, cadre en charge du sport, des dispositifs d’entraînement et du haut niveau, apporte sa pierre à l’édifice dans le développement de ces projets sportifs. « On a la chance d’avoir une super équipe en Normandie. On n’aurait pas progressé autant sans la Vague Normande. L’équipe Match in Black s’est montée juste avant la nôtre. On a décidé de tout mettre en commun et on a fait un peu de mixte. On espère se lancer en team l’an prochain. En tout, on est un groupe de cinq-six équipages en Match Racing. C’est top ».

    Après ses trois titres mondiaux, Pauline a eu envie de découvrir de nouveaux horizons et a participé à la Transat Paprec avec Corentin Horeau l’an dernier en Figaro BENETEAU 3. « C’était nouveau pour moi qui n’avais jamais fait de large. J’avais envie de me challenger un peu. Je ne savais pas comment ça allait se passer car la course était longue. Le fait d’avoir des copains à côté tout le temps a un peu aidé. C’est fou le degré d’exigence qu’il faut garder sur la durée. L’expérience avec « Coco » a été très enrichissante niveau réglages, prises de risques, savoir où mettre le curseur. Il faut encore que je progresse sur l’aspect météo et stratégie à long terme mais c’était top. Je ne voyais pas faire du solitaire mais en double, c’était vraiment cool. J’ai vraiment aimé l’aspect partage ». Pour autant, Pauline n’envisage pas de tirer un trait sur le Match Racing.

    Sa pré-sélection pour la Women’s America’s Cup, elle l’apprend justement sur le ponton de Concarneau, quelques heures avant le départ de la Transat Paprec. Un rêve qui se réalise pour la navigatrice pour qui l’America’s Cup les Jeux Olympiques et The Ocean Race, « les références en voile », la font vibrer. Barreuse de l’AC 40 d’Orient Express – L’Oréal Racing Team, elle partage désormais sa vie entre Le Havre où elle réside toujours, l’ENVSN (Quiberon) où « il y a un super parc de bateaux à foils dont des WASZP, Birdie Fish et Flying Phantom »et la Base du Team à Barcelone. « Je suis super contente d’avoir l’opportunité de participé à cette première Women’s America’s Cup, c’est un truc de dingue. L’équipe est en pleine construction, on a toutes des cursus différents ». Pour elle, cette sélection est « un rêve qui se réalise, un challenge qui lui donne envie de se dépasser pour être performante » dans de très bonnes conditions. « On a envie de progresser ensemble et de monter une super équipe. On sait qu’il y a du boulot, surtout que je ne viens pas du tout de supports à foils. Mais grâce au Match Racing pour lequel on doit s’adapter rapidement à de nouveaux supports, j’ai l’expérience des finales et de la navigation au contact. Je pense que ça peut être un plus. Je fais de l’équipage depuis longtemps donc je suis habituée à la vie et à la gestion d’une équipe ».

    Quand elle dispose d’un peu de temps libre, Pauline navigue beaucoup, sur le Wally Spirit of Malouen et le TP 52 de Paprec, entre autres. Et elle fait du sport, tout en se concentrant sur sa priorité du moment : la Women’s America’s Cup.

    Sa vision de la femme dans le monde en général et dans le sport en particulier : « On est dans une super période qui s’ouvre pour les femmes en matière d’opportunités, que ce soit dans la société ou dans le sport. Les générations d’avant n’ont pas eu tout ça. C’est génial même si c’est dommage de devoir parfois imposer la présence de femmes sur certaines compétitions. Mais ça peut donner envie à des filles de monter leur projet. Il faut souligner qu’il n’est pas facile pour un sponsor ou un organisateur de soutenir des initiatives comme on a pu le voir sur la Transat Paprec car cela induit moins de bateaux au départ. C’est bien de le souligner. D’ailleurs, depuis, les filles sont plus nombreuses à essayer de monter des projets en Figaro. Je suis persuadée que ce type d’initiative ne peut qu’aider au développement de la voile au féminin. De mon côté, j’ai eu la chance de ne pas me sentir bridée ou discriminée. Notre groupe d’entraînement d’hiver est mixte et on fait plein de régates mixtes. Les gens ne font pas la différence, ça se joue aux compétences. Les règles sont aussi un peu en train de changer. »

    Date de naissance : 27 avril 1989
    Lieu de naissance : Brest (Finistère)

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « L’excellence en équipe »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « La remontada des Américains face aux Néo-Zélandais sur la finale en 2013. Ça montre bien que rien n’est jamais perdu jusqu’à la fin. » 

  • L'équipe féminine :


    7 femmes sélectionnées 

    Skipper : Manon Audinet -1re Spain Sail Grand Prix I Cadiz, 8e aux J.O Tokyo Nacra 17 – St Georges Voile
    Pauline Courtois - Double Championne du Monde Match Race – CV St aubin Elbeuf
    Lara Granier - 6e Semaine Olympique Française 49er FX, 2nd Youth Worlds 470 – SR Antibes
    Jessie Kampman - 2e Semaine Olympique Française kitefoil, Double Championne d’Europe en 420 – SR Antibes
    Audrey Ogerau - Vice-Championne du Monde Nacra 15 – YC Monaco
    Aloise Retornaz - Médaille de Bronze en 470 aux J.O Tokyo – SN Sablais
    Amélie Riou - 1re France Sail Grand Prix I Saint-Tropez, 1re Australia Sail Grand Prix I Sydney – La Pelle Marseille

    Plus d'informations sur les sélections

  • La Women's America's Cup dans le détail


    Qu'est-ce que la Women's America's Cup ?

    Un événement pour les femmes de plus de 18 ans


    Quand ?

    Du 5 au 15 octobre 2024 

    Qui participera ?

    Le Defender et tous les Challengers doivent constituer une équipe.
    En outre, des invitations ont été adressées à six équipes de pays non représentés dans la 37e America's Cup :
    - CANADA - Royal Vancouver Yacht Club du Canada
    - PAYS BAS - Royal Maas Yacht Club et KoninKlijke Nederlandsche Zeil&Roeivereeniging
    - ESPAGNE - Real Club Náutico de Barcelona
    - ALLEMAGNE - Kieler Yacht Club et Norddeutscher Regatta Verein
    - SUEDE - Royal Gothenburg Yacht Club et Royal Swedish Yacht Club
    - AUSTRALIE - Cruising Yacht Club of Australie


    Le bateau ?

    La flotte naviguera sur un AC40, un monocoque monotype à foils.
    Sa vitesse de pointe est d'environ 45 nœuds (85 km/h).
    L'équipage est composé de quatre personnes.


    Où les bateaux seront-ils amarrés ?

    Les AC40 seront amarrés à la marina olympique de Barcelone.

    Format de la compétition ?
    12 équipes seront réparties en 2 groupes de 6 bateaux.

    Étape 1 : 3 jours de 6 à 9 courses en flotte pour chaque groupe.
    Les 3 premiers de chaque groupe se qualifient pour le tour suivant.

    Étape 2 : 1 jour de 3 à 4 courses en flotte.
    Les 2 premiers se qualifient pour la finale.

    Finale : un match race, le vainqueur emporte tout.